09 agosto 2015

Em 1970

As gravações perdidas
de Duke Ellington







«Régulièrement, l'industrie musicale nous fait le coup du bonneteau. Une prise inédite, perdue au milieu de figures connues, ressort miraculeusement de chutes de studios retrouvées, inopinément, à la faveur d'un nettoyage de printemps. La plupart du temps, cet incunable n'est qu'une illusion, l'habile tour de passe-passe d'une industrie musicale en coma dépassé. Rares sont les vrais trésors égarés à resurgir, telle la bande originale des Chemins de Katmandou, signée du duo Serge Gainsbourg-Jean-Claude Vannier, enfermée dans une valise poussiéreuse depuis... 1969 et sortie en avril dernier. Mais, quand le label indépendant berlinois Grönland annonce avoir mis la main sur une session allemande de Duke Ellington datant de 1970, nous sommes tout ouïe. Surtout lorsque les informations attestent que ces bandes perdues ont été captées au Studio Rhenus de Cologne, sous les auspices du producteur de Krautrock Konrad «Conny» Plank. La rencontre entre deux univers aussi éloignés que la planète Terre l'est de la nébuleuse Alpha du Centaure avait tout de la gageure et de la légende urbaine. La session secrète, qui aurait été redécouverte lors de la succession du producteur de Kraftwerk, de Can et de Cluster, offre deux morceaux, le swing Alredo et l'avant-gardiste Afrique, de trois prises chacun.
On sait peu de choses des circonstances qui auraient présidé à ces enregistrements, sinon que la légende du jazz américain au crépuscule de sa vie et le producteur qui allait contribuer à inventer le son de la musique industrielle européenne avaient une admiration réciproque. Le résultat sonne comme une répétition, où le «Duke» et son orchestre expérimentent. Surtout sur Afrique, un morceau qui sera enregistré en 1971 dans une version différente, sur l'un des tout derniers et très modernes albums du pianiste, The Afro-Eurasian Eclipse. Cette session perdue aura été leur seule collaboration, elle n'en est donc que plus précieuse. En 1974, Duke Ellington succombe, à New York, à un cancer du poumon ; Conny Plank, lui, au sommet de sa contribution à Kraftwerk, est aux pupitres de leur Autobahn. En route pour la légende.»

The Conny Plank Session, de Duke Ellington & His Orchestra, Grönland.
(texto de Marianne.net)

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