08 abril 2015

"Media" e Frente Nacional

Acho que o problema é mais
complexo mas isto também conta



«Laurent Ruquier a-t-il raison de faire ce mea culpa? A-t-il raison de pointer sa responsabilité, et plus largement celle de tous les médias chez qui Eric Zemmour [*] a table ouverte, dans la propagation, la banalisation et le succès de ses thèses? Plus largement encore, les médias de masse ont-ils une part de responsabilité dans le succès croissant du FN, dont les thèses sont les mêmes que celles d’Eric Zemmour sur l’économie comme sur les valeurs?
La réponse est oui. En fait, lorsqu’il explique le succès d’Eric Zemmour par sa colossale exposition médiatique, Laurent Ruquier remet au goût du jour une découverte de la psychologie sociale américaine des années 1960: l’effet de simple exposition.
A l’époque, le psychologue Robert Zajonc a conduit des expériences qui lui ont permis d’établir ceci: l’être humain tend à développer un sentiment positif envers une chose à force d’y être exposé répétitivement. Le scientifique a poussé les expériences jusqu’à constater que cela fonctionnait sur des mots ne voulant rigoureusement rien dire. Résultat édifiant: malgré l’absence totale de sens, les groupes testés développaient un sentiment de plus en plus positif envers ce mot.
La conséquence logique de l’effet de simple exposition est la suivante: effectivement, parce qu’ils l’ont massivement surexposé pendant plusieurs années, les médias ont une part de responsabilité directe dans la propagation, la banalisation et le succès des thèses d’Eric Zemmour. Plus largement, cet effet de simple exposition vaut pour l’extrême droite en général. À force de matraquage médiatique de reportages, d’articles et d’interviews en feu roulant, avec pour angle répétitif «la-montée-du-FN-la-dédiabolisation-du-FN-la-transformation-du-FN», les médias ont une part de responsabilité dans les succès électoraux croissants de ce parti.
L’on pourrait objecter que les médias ont un devoir d’information, de pluralisme. Que par conséquent, il était de leur devoir de donner une place aussi bien aux thèses d’Eric Zemmour qu’à des reportages, articles et interviews sur le FN. C’est vrai, mais ce n’est pas le problème.
Le problème, c’est la disproportion. Dans le cas d’Eric Zemmour, il est flagrant que les tenants de thèses opposées aux siennes sur les sujets qu’il aborde sont actuellement sous-représentés dans les médias. Et dans le cas du FN, les élections départementales sont un cas d’école d’omniprésence d’un thème et d’un seul, sensationnaliste, au détriment colossalement disproportionné de tous les autres angles et sujets possibles.
Le mot «médias» vient du latin «medium», au sens du mot «intermédiaire». C’est précisément ce que sont les médias et donc les journalistes qui y travaillent. Ni des passeurs de plats, ni des agents de spectacle: des intermédiaires vigilants entre la pluralité des faits et des opinions d’un côté, et le public de l’autre.»

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