Há 50 anos
LA CASE DU SIÈCLE -
AFFAIRE BEN BARKA –
LE DERNIER SECRET
Um documentário do amigo e camarada
Octávio Espírito Santo
Octávio Espírito Santo
Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka est enlevé devant la Brasserie Lipp, à Paris.
© Siècle Productions
Qui a commandité l’enlèvement de Mehdi Ben Barka et dans quel but ? Comment est-il mort ? Cinquante ans après la disparition de l’opposant marocain, ce documentaire revient sur l’une des grandes énigmes politiques du XXe siècle.
Né à Rabat en 1920 dans une famille modeste, « élève surdoué et doté d’un esprit d’organisation fantastique », selon Marc Sabbah, son condisciple au lycée, Mehdi Ben Barka devient rapidement l’une des figures de la lutte contre le protectorat. En 1955, il concourt activement au retour du roi Mohammed V, contraint à l’exil par la France et considéré comme le père de la nation marocaine. Il participe ensuite, en novembre 1956, aux négociations qui aboutissent à l’indépendance. Nommé président de l’Assemblée consultative du Maroc, il fonde en 1959 un parti de gauche qui se place dans l’opposition. En 1961, la mort subite de Mohammed V, dont il était le protégé, change la donne. Le nouveau souverain, Hassan II, se méfie de son ancien professeur de mathématiques et de sa popularité grandissante. Un supposé accident de la route avec une voiture de police manque de lui coûter la vie et le force au départ en 1962. Deux ans plus tard, accusé de complot contre la monarchie, il est condamné à mort par contumace. Comme l’écrit l’historien Jean Lacouture, Ben Barka devient alors un « commis voyageur de la révolution ». Il multiplie les rencontres avec les grandes figures et les indépendantistes du tiers-monde. En 1965, il préside le comité préparatoire de la Conférence tricontinentale qui doit réunir à La Havane, en janvier 1966, les représentants des mouvements de libération des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Dès lors, Ben Barka acquiert une stature internationale et dérange. Mais qui ?
Un enlèvement minutieusement préparé
Selon l’historien marocain Maâti Monjib, « Ben Barka était devenu le principal danger politique et diplomatique pour Hassan II, qui voulait son retour de gré ou de force ». D’autres spécialistes comme Mostafa Bouaziz pensent que « si on lui en voulait, c’était à cause de son rôle international ; il était en train de fonder la Tricontinentale, il avait une influence sur les révolutionnaires de l’époque […] ; ses positions étaient claires contre les Etats-Unis et l’impérialisme en général ». Le doute subsiste. Quelles que soient les raisons de l’enlèvement, on retrouve à l’origine de celui-ci trois Marocains : le général Oufkir, homme fort du régime, le colonel Dlimi, chef de la Sûreté nationale, et le commissaire de police Chtouki. Oufkir connaît bien le ministre français de l’Intérieur de l’époque, Roger Frey, et un de ses proches, Pierre Lemarchand. Député gaulliste, ce dernier, qui a dirigé les groupes de barbouzes ayant combattu l’OAS, va jouer un rôle crucial dans le piège tendu à Ben Barka. Il propose aux Marocains de faire appel au célèbre gang des tractions avant. Afin de déjouer la méfiance de l’opposant qui se sait menacé, on envoie l’approcher un fils de bonne famille, qui a des relations avec les truands : Georges Figon. L’idée est d’attirer Ben Barka à Paris avec un projet de film sur la colonisation. Trois autres personnages se joignent à l’équipe : Antoine Lopez, un agent du SDECE (les services du contre-espionnage français), Louis Souchon et Roger Voitot, deux policiers de la brigade mondaine. L’opération est en place. Le 29 octobre, à 12 h 15, alors que Mehdi Ben Barka se dirige vers la Brasserie Lipp, où il a rendez-vous pour les besoins du film, Souchon et Voitot se présentent et l’invitent à monter dans leur voiture. Personne ne le reverra.
Depuis 1966, neuf juges d’instruction se sont succédé pour tenter de faire la lumière sur une affaire qui garde, cinquante ans après, bien des zones d’ombre.