De l'abandon au mépris
Edições du Seuil, 15,86 E,
Extracto do prefácio:«Non ! La trahison n'est pas la condition suprême du pouvoir. Elle n'est pas la loi souveraine des démocraties.»
Jean Jaurès
Avec le cinéaste Elio Pétri, la classe ouvrière allait au paradis ;
avec les socialistes, c'est un voyage au bout de l'enfer qui lui est
réservé. C'est à se demander si les responsables du parti à la rose - je
ne parle pas ici des militants dont l'engagement et la sincérité ne
sont pas discutables - ne sont pas nés sous la malédiction du scorpion
de la fable, celui qui ne peut s'empêcher de piquer la grenouille sur le
dos de laquelle il traverse le fleuve, quitte à périr avec elle, «parce
qu'un scorpion est un scorpion» ; un socialiste étant un socialiste, ne
peut-il s'empêcher de trahir ceux qui placent ses espoirs en lui, les
ouvriers, les employés, les jeunes, les retraités, les classes
populaires ?
Inutile de remonter à 14-18 où, Jaurès à peine enterré,
les socialistes votent les crédits de la guerre, à l'abandon des
républicains espagnols par le gouvernement de Léon Blum, à Munich, à
Pétain, à qui ils accordent les pleins pouvoirs, à Jules Moch qui fait
tirer sur les grévistes en 1947, à Guy Mollet et Mitterrand pendant la
guerre d'Algérie... il suffit de considérer la période actuelle en
prenant pour point de départ 1981.
La chronologie des reniements est
sans appel : en 1982 la «pause» se mue en rigueur, en 1984 près de
trente mille suppressions d'emplois dans la sidérurgie au nom de «la
modernisation de l'industrie», en 1992 signature du traité de Maastricht
scellant le contrôle de la politique économique de la France par
Bruxelles, en 1997 fermeture de l'usine Renault de Vilvorde malgré tous
les serments, toutes les promesses de s'y opposer, la même année,
ratification d'un «Pacte de stabilité et de croissance» écornant une
fois de plus la démocratie, en 1998 le journal Le Monde applaudit :
«Lionel Jospin privatise plus vite qu'Alain Juppé», en 2005 une de Paris
Match où Nicolas Sarkozy et François Hollande posent côte à côte dans
le même costume, la même attitude, jumeaux plus effrayants que les
frères Bogdanov, sans parler de Pascal Lamy qui s'enorgueillit
d'accélérer la mondialisation, fer de lance du néolibéralisme... Passant
du pire au pire avec une constance accablante, la liste est trop longue
pour être poursuivie.
C'est hélas désormais une banalité de parler
de «la gauche de droite» pour désigner les leaders du Parti socialiste,
tant leur défense des intérêts des classes possédantes au nom de
l'économie, de la bonne gestion et du dieu invisible des marchés se fait
au prix d'un abandon partiel ou total des intérêts des classes
populaires. Comment a-t-on pu en arriver là ?»
Do mesmo autor
E, 14,44
Apresentação do editor :«Fin des années 1970 : après 30 années de prospérité, le modèle keynésien
s’essouffle et la crise économique s’installe. Les élites libérales,
patrons, cadres dirigeants, gros actionnaires , contraintes au silence
depuis l’après-guerre par les succès de l’Etat-providence et la peur du
communisme voient venu le moment de reprendre l’offensive. C’est le
début d’une revanche qui s’enracine d’emblée dans un slogan en forme de
contrainte : « Il n’y a pas d’alternative ! » Dès 1983, François
Mitterrand fait prendre à la France le tournant du libéralisme, Margaret
Thatcher et Ronald Reagan sont au pouvoir, l’économie mondiale entre
dans l’ère néolibérale. Sur une idée originale du spécialiste de
l’économie Philippe Labarde, cet ouvrage démonte et analyse les
stratégies de la conquête : quels acteurs au sein de quels réseaux ?
Quels moyens servis par quelles méthodes ? Car la nouvelle coalition
fait preuve d’une audace incontestable : plutôt que d’imposer ses
valeurs, elle s’approprie celles de ses adversaires. Le conservatisme
est décrié ? Elle démontre que les progressistes sont des conservateurs.
La révolution est à la mode ? Elle se dit révolutionnaire. Mais au-delà
de la dénonciation d’un discours, les auteurs retracent ici les étapes
d’une prise de pouvoir, les choix politiques et économiques puis leur
mise en oeuvre, nationale et internationale.