Outro aviso
«Les crises font partie du métabolisme du système capitaliste mais
elles ne se ressemblent pas toutes. Dans le présent article, il ne
s’agit pas de revenir sur les causes générales des crises capitalistes.
Il s’agit ici de diagnostiquer des facteurs qui conduisent certainement à
une nouvelle crise de grande ampleur.
Quand elle éclatera, les gouvernements, les dirigeants des banques
centrales et la presse dominante feindront l’étonnement comme à chaque
fois.
Pour les opposants au système, il est fondamental de pointer du doigt
les responsabilités et de montrer comment fonctionne le capitalisme
afin d’être en mesure d’imposer enfin une autre logique et de rompre
radicalement avec ce système.
Depuis 2010, profitant de la politique de bas taux d’intérêt adoptée par les banques centrales des pays les plus industrialisés (Réserve fédérale des États-Unis, Banque centrale européenne,
Banque d’Angleterre, Banque du Japon, Banque de Suisse…), les grandes
entreprises privées ont augmenté massivement leur endettement. Aux
États-Unis, par exemple, la dette des entreprises privées non financières a augmenté de 7 800 milliards de dollars entre 2010 et mi-2017.
Qu’ont-elles fait de l’argent emprunté ? L’ont-elles investi dans la
recherche-développement, dans des investissements productifs, dans la
transition écologique, dans la création d’emplois décents, dans la lutte
contre le changement climatique ? Pas du tout.
L’argent emprunté a servi notamment à réaliser les activités suivantes :
I. Les entreprises empruntent pour racheter leurs actions en bourse.
Cela produit deux avantages pour les capitalistes : 1) cela fait monter
le prix des actions ; 2) cela permet de “rémunérer” les actionnaires
sans que cela entraîne pour eux le paiement d’impôts sur les bénéfices.
De plus, dans de nombreux pays, les plus-values sur les actions ne sont
pas taxées ou le sont à taux très bas (en comparaison avec l’impôt sur
le revenu ou avec la TVA). Déjà en 2014, les rachats d’actions aux
États-Unis avaient atteint un montant mensuel de 40 à 50 milliards de
dollars |1|.
Le phénomène s’est poursuivi ensuite. Soulignons qu’on avait assisté,
avant la précédente crise, à une augmentation très forte des rachats
d’actions à partir de 2003, qui avait atteint un sommet en septembre
2007 en pleine crise dite “des subprimes”.
Entre 2010 et 2016, les entreprises nord-américaines ont racheté leurs
propres actions en Bourse pour un montant approximatif de 3 000
milliards de dollars |2|. Comme le titrait le quotidien financier Les Échos,
“Les rachats d’actions record sont le moteur de Wall Street ». Une
grande partie de la bonne santé des bourses, pas seulement celle des
États-Unis, est due aux rachats massifs d’actions. C’est donc tout à
fait artificiel. (...)»
Ler artigo de Eric Toussaint aqui
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